A management, management et demi
S'il y a bien une chose que j'ai pu repérer au fil de ma carrière, c'est que les outils de management sont, encore et toujours, descendants : si beaucoup de choses ont évolué au fil des années dans le monde de l'entreprise, la stratégie du groupe reste la prérogative de la hiérarchie. Mercredi dernier, pourtant, j'ai participé à une conférence à Strasbourg où un animateur nous a montré comment des entreprises avaient opté pour un management plus singulier. Certains d'entre elles m'ont vraiment ébahi, et je voulais partager ma découverte avec vous.
L'entreprise californienne Intuit, pour commencer, organise ce qu'elle appelle la "fête de la défaite" au sein de laquelle sont évoqués les revers qu'elle a subis. Une manière de "tourner tous ensemble la page" pour les patrons et les employés. L'idée me semble prometteuse. Après tout, l'erreur est humaine, n'est-ce pas, et je trouve intéressant de ne pas la mettre sous le tapis. Il est préférable d'accepter les échecs et en tirer parti que de les nier et abîmer le lien de confiance entre employeur et employés. Malheureusement, ce genre d'initiative me semble particulièrement difficile à mettre en oeuvre en France, où la notion même d'échec est mise sous le tapis !
Zappos, aux Etats-Unis toujours, compte quant à elle 2000 salariés. Elle a grandi à une telle vitesse que les employés ne se connaissaient plus. Afin d'assurer la proximité entre les équipes, Tony Hsieh, son PDG, a donc déployé une application qui présente, lors de la connexion à son ordinateur au matin, la photo d'un employé. L'appli demande à choisir entre trois noms à mettre sur ce visage. Quand le choix est fait (qu'il soit bon ou non) la fiche de présentation de la personne s'affiche alors. Cette pratique originale permet d'accroître très simplement la connaissance des équipes dans un cadre de fort développement en plein boom.
Plus proches de nous, chez Orange (le seul opérateur qui n'a pas été percuté par le déploiement de Free), les employés peuvent expliquer librement leurs idées via un système d'innovation sociale intitulé IdClic. Le processus permet à n'importe quel salarié du groupe de déposer une idée sur une plateforme d'engagement. L'idée est ensuite étudiée par 5000 experts volontaires : si elle n'est pas archivée, elle fait alors l'objet d'une étude de faisabilité avec une idée des gains nets. Une fois mise en exploitation, elle peut être, selon les bénéfices, développée sur tout le territoire. Le collaborateur se voit attribuer des talents (monnaie virtuelle) qu'il peut utiliser dans une boutique en ligne. Depuis 2007, 1/3 des salariés ont déposé une idée (soit un total 122000 idées déposées) : sur ce nombre, 10 % ont été déployées produisant ainsi quelques centaines de millions d'économies qui n'auraient pu être faites autrement. Voilà ce que j'appelle un exemple de management innovant, qui fait appel aux forces vives et à la créativité de tous les collaborateurs ! C'est là, à mon sens, que réside le management de l'avenir.
Cependant, si cette conférence a mis en évidence qu'il existait des cas de management innovants, elle a surtout montré qu'en dehors de ces rares exemples, le management avance aujourd'hui à une lenteur irritante. C'est, dans le domaine de l'innovation, le type d'innovation le moins avancé : nous nous appuyons toujours sur un mode de fonctionnement vieux d'un siècle et complètement dépassé, qui ne semble pas avoir compris le changement qu'a induit l'avènement d'internet ! Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de ce séminaire à Strasbourg.
Participation citoyenne
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à « renforcer les consultations préalables ouvertes en ligne sur les textes législatifs et réglementaires ». Défavorable à l’instauration d’un droit de pétition national, comme le préconisait Transparency International France, il proposait par ailleurs « plus de contrôle direct de l’activité parlementaire par la mise en place de dispositifs innovants d’évaluation du travail législatif », et a annoncé son intention d’intégrer la participation citoyenne au cœur de la réforme à venir du Conseil Economique Social et Environnemental. Si des consultations ont été organisées ou sont en cours sur certains projets de loi, ainsi qu’à l’Assemblée nationale (six groupes de travail ouverts aux contributions du public, auxquels Transparency International France a pu contribuer), d’autres textes ou réformes n’ont pour autant fait l’objet d’aucune consultation particulière à ce jour. De manière générale, les pratiques sont encore hétérogènes : les plateformes utilisées ne sont pas toujours en format ouvert, et les critères de traitement des contributions ne sont pas toujours parfaitement transparents, contrairement aux recommandations de Transparency International. Par ailleurs, les délais des débats parlementaires, souvent très serrés via notamment la multiplication des recours à des procédures accélérées, n’offrent pas toujours un cadre favorable à un dialogue serein et constructif avec la société civile : par exemple, il s’est écoulé moins de deux mois entre la présentation du projet de loi rétablissant la confiance dans la vie publique et son adoption finale par l’Assemblée nationale en plein mois d’août.