L'homme en noir

19Déc/19Off

Un double voyage

C'est marrant, quand j'y pense. Avant, lorsque la DRH m'annonçait un incentive, j'avais tendance à vouloir mordre. Tout au long de ma carrière, j'ai travaillé pour pas mal d'entreprises qui savaient davantage tendre le bâton que de la carotte. Dans ces boîtes de la vieille école, la DRH voulait de nous que nous nous dépassions mais donnait très peu en contrepartie. Et tout donner durant des semaines pour gagner en fin de compte des bonbecs. L'entreprise pour laquelle je travaille désormais a cependant un peu plus de tête. Parce que lorsqu'elle met en place un challenge commercial, la rémunération est à la hauteur de l'effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c'est avec enthousiasme que je reçois le prochain incentive, et je me donne à 200 %. C'est comme ça que, l'année dernière, j'ai déjà gagné un PC, des coffrets cadeaux, des places de ciné (pour un court challenge)... Si j'étais déjà enchanté de ces cadeaux, il y a deux mois, j'ai toutefois gagné la timbale : un voyage de quatre jours aux Baléares ! Pourtant, au départ, je dois avouer que je n'étais pas très pressé à l'idée de ce voyage. Quitte à choisir, j'aurais préféré réaliser ce voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, bien sûr (histoire de renforcer les liens dans l'entreprise). Le postulat m'embarrassait pas mal. Partir en voyage avec ses collègues, ce n'est pas tout à fait du boulot, mais c'est quand même loin d'être des vacances. J'imagine que c'est la même chose de votre côté : on ne se comporte pas au travail comme on se comporte à la maison. Il y a un rôle à jouer, celui du gars qui se divertit parce qu'il est loin du bureau... tout en faisant attention à ses agissements, parce que ses collaborateurs sont là. Du moins, c'est ce que je pensais. Une fois arrivé, j'ai surtout pris conscience qu'un trip entre collègues, ça permet aussi d'être naturel. Quoique d'un naturel assez différent de celui qu'on a avec sa femme. J'ai dû perdre quelques neurones au cours de ce voyage, mais de temps à autre, ça fait tout de même du bien. Je craignais par-dessus tout que les activités prévues sur place soient une compilation d'activités faussement authentiques. Vous avez déjà sans doute vécu une telle chose : vous vous retrouvez dans une activité où tout sonne faux : les personnes, les costumes, et même les sourires. J'ai déjà vécu ce genre de moment lors d'un voyage avec ma femme, et ça ne m'a vraiment pas plu. Mais ma société a, là aussi, su s'en sortir avec les honneurs : c'est une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a préparé un voyage vraiment authentique. Si ce dernier était au final assez riche, ça a été un vrai bonheur : ce n'était pas un séjour touristique (le colon blanc venant se divertir chez les indigènes), mais d'un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout d'être atterré par les activités qu'on nous proposerait sur place. Vous savez, le genre d'activité qui semble avoir été pensée par un moniteur de colo incapable de comprendre qu'il avait affaire à des adultes. Ma société a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a comblé ses employés en leur procurant un voyage mais a aussi permis à ces derniers de resserrer leurs liens. Et c'est là que je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Pendant une longue période, j'ai changé de boîte comme de chemise. Alors qu'aujourd'hui, je ne regarde même plus regarder de quelle couleur est l'herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de se sentir posé.

Remplis sous: Non classé Commentaires
Commentaires (0) Trackbacks (0)

Désolé, le formulaire de commentaire est fermé pour le moment

Trackbacks are disabled.